On est jamais sûr de rien /!\Libre/!\

Si quelqu’un avait un jour dit à Lina comment cela se passerait, elle ne l’aurait jamais cru. En fait, elle n’aurait jamais pensé qu’ils arriveraient à aller au-delà de toutes ambiguïté un jour. Oui elle s’était douté que leurs sentiments étaient partagés, mais leurs doutes aussi, comme leurs craintes et ce qui les retenait. On dit que rien n’est jamais facile, mais pourtant, ce qui se passa entre eux le paraissait, d’une simplicité impressionante, et d’un naturel, à en déboussoler plus d’un. Tout était simplement parfais, et rien n’aurait pu empêcher la jeune femme de savourer ce moment.

Elle n’avait pas manqué son regard stressé, si on pouvait dire ça comme ça, lorsqu’elle avait tardé à avoir une réaction. Et elle avait eu à peut près le même juste après s’être dévoilée, étant prise d’une angoisse sourde et infantile. Et si il se relevait en riant, déclarant que tout ceci était une blague ? Elle savait que cette pensée était ridicule, et le regard qu’il lui lança la persuada qu’elle faisait fausse route. Mais ce moment semblait toujours aussi irréel pour elle, comme elle n’osait y croire. Pourquoi ? Elle ne saurait dire avec exactitude. Peut être était-ce parce que tout n’était que destruction autour d’eux, ou que c’était tout nouveau, elle se savait pas, mais toujours est-il qu’elle avait l’impression que ce nouveau lien pouvait être brisé en l’espace d’un instant.

Mais pour le moment, elle se contenta du moment présent, ordonnant à son cerveau d’arrêter de penser. Car savourer, c’était ce qu’elle faisait. Chaque geste, chaque expression, et chaque contact, elle prenait soin de les impraigner en elle, pour les garder le plus longtemps possible en mémoire. Elle ne put retenir un léger frisson lorsqu’il se rapprocha à nouveau d’elle, c’était plus fort qu’elle. Probablement était-ce parce qu’elle avait tant espérer ce contact, et qu’elle en avait tant besoin. C’était comme si toutes ces semaines de fatigue accumulée, et de désespoir dans ce monde détruit, disparaissaient en un claquement de doigts, ou plutôt, en un baiser. Cela l’impressionné même, de voir qu’elle se sentait à nouveau capable de tout. Elle avait le sentiment que rien ne pourrait les arrêter, s’ils le voulaient.

Fermant les yeux l’espace d’une seconde, elle pencha son visage vers sa main, elle savoura une nouvelle fois pleinement ce moment, qui pouvait disparaître à tout instant. Lina répondit à son sourire, en un faisant un aussi expressif, elle acquiessa de la tête. Elle n’avait aucune envie de partir, mais pourtant, ils ne pourraient pas rester là encore longtemps, avant que quelque chose leur arrive. Et si elle venait à perdre ce bonheur, encore tout nouveau et fragile, elle ne s’en remettrait jamais.

« Oui, c’est sans doute plus prudent. »

Ces paroles finirent de la faire retomber dans la réalité, comme elle jetta un coup d’œil autour de ce qui les entourait. Il faisait maintenant nuit noir, et chaque espace d’ombre était synonyme de danger pour eux. Déposant un autre doux baiser sur sa joue, elle finit par se reculer un peu, et se releva, tout en observant autour d’elle. Une fois que le soleil avait disparut, la destruction apparaissait encore plus, et en devenait frappante. Se mordillant la lèvre, sans même s’en rendre compte tellement que c’était une habitude pour elle, Lina se retourna vers le jeune homme, cherchant son regard rassurant.

Invité

L'amour avait bien des effets qui se révélaient à l'Homme aussi mélioratifs que péjoatifs : toute satisfaction éprouvée amenait inévitablement à l'abstraction du reste, et surtout du sens des réalités. C'était une conséquence qu'il fallait autant louer que déplorer, et pourtant, à sa grande surprise, Nickolas était dans un état de contentement innomable et extrême, et certainement plus lucide qu'il ne l'avait jamais été. Tellement conscient de ce que ses sentiments impliquaient, de la responsabilité qu'il s'était accordé vis-à-vis de Lina, trop conscient du danger et de la mort qui les guettait chaque seconde. Plutôt que de ternir cet instant, cela le rendrait encore plus beau et plus précieux pour lui, si résigné à en renouveler de semblables au plus tôt et pour encore longtemps. Peut être n'était que la vaine utopie d'un homme démoli par la mort, la souffrance et la peur, mais il savait que c'était surtout une nouvelle volonté insufflée par l'espoir.

Elle lui donnait plus que jamais cette force qui était si précieuse, il en était plus que jamais certain, il gardait cette foi en l'Homme, en un avenir providentiel, rêvé. Certes son passé le laissait dans quelques fantasmes inconcevables, il le savait pertinemment, mais il aimait à croire que ses espoirs se concrétisent, que ses rêves deviennent et forment un semblant de réalité. Il se voulait encore confiant, prêt à prêter l'espoir au monde, même s'il dut être le seul à défendre sa cause. Tout ce en quoi il pouvait croire était plus que jamais d'or selon lui, son blason, son entreprise, sa bataille. Il voyait sans doute un peu plus loin que ce qu'il voulait bien reconnaître avec Lina, mais de leur amitié était né un amour, qui était loin d'être récent pour lui, et il fallait dire qu'elle était l'une des rares filles qu'il avait aimé dans sa vie, mieux, la seule qu'il ait su aimer ainsi. Cela forgeait autant l'homme que ses convictions.

Il opina devant ses propos, et l'observa quelques instants tandis qu'elle se relevait. Appuyant doucement sur sa blessure, pour pâlier la douleur, il fit de même quelques minutes après. Etouffant une grimace comme un léger soupir, il passa rapidement sa main sur la crosse de son arme, se rassurant du même coup, avant de porter un regard aux alentours. Les abysses et ténèbres de la nuit avaient happé toute la rue, plongée dans une obscure hostilité encore et toujours terrée. Il ne savait si son sentiment était de la peur ou encore les rudes accélérations de son coeur au contact si intime avec Lina. Il revint ensuite à elle, croisant son regard, sans réellement dicerner de quels sentiments elle pouvait bien être animée. Lui se retrouva de nouveau dans son assurance, assurance qu'elle lui procurait toujours sans détours, et sans explications. L'heure n'était pas à s'attarder par ici, loin de là. Il vint près d'elle, et lui prit doucement la main, enlaçant ses doigts avec les siens.

" Je te ramène chez toi. "

L'heure n'était vraiment plus à discuter sans bouger, même s'il en mourrait d'envie, bien entendu, il y avait des lieux et des moments pour toute chose, et même si leur baiser avait dérapé de ces circonstances, Nickolas reprenait toute conscience et commença à avancer dans la nuit, l'entraînant gentiment avec lui. Il la gardait près de lui, pour au moins deux bonnes raisons : trop content de la savoir près de lui, trop inquiet de la savoir loin de lui.

Lina aurait aimé pouvoir rester là, à discuter, et à oublier tout ce qui les entourait. Mais déjà, ils s’étaient coupés du monde trop longtemps, pour se permettre de continuer. Car maintenant, dans ce nouveau monde, rester plus de quelques minutes au même endroit, était une forme d’inconscience, car leur situation était semblable à celle en temps de guerre. La jeune femme doutait que ses mauvais souvenirs de la guerre disparaissent. L’alarme de la ville raisonnait souvent, et tout le monde devait se réfugiait dans un abris, qui parfois était plus précaire que le reste des habitations. Mais le but était de rester dans le noir, là où on ne pouvait pas deviner que quelqu’un se cachait là. Cela avait été une période épouvantable, et beaucoup de personne s’était perdu à ce moment là, oubliant leur valeur, leur priorité, et même leurs proches, tout ça pour une seule chose : survivre. On dit que l’instint de conservation des humains est fort, et c’était vrai. On était même loin d’imaginer à quel point les gens étaient capables de tout pour rester en vie.

Sentant Nickolas lui prendre la main, elle chassa ses pensées en entrelaçant ses doigts avec les siens, comme elle lui emboita le pas, un léger sourire sur les lèvres. La jeune femme était beaucoup moins optimiste, doutant qu’ils puissent atteindre ce qui lui servait d’appartement, mais elle ne releva pas, ayant confiance. Elle se surprenait d’ailleurs à avoir autant confiance en quelqu’un, elle qui avait tendance à trop se méfier. Mais cela n’était pas récent, dès que leur amitié avait changé, elle avait eu une confiance aveugle en lui.

« Je te suis. »

Une légère brise se leva, la faisant frissonner, comme elle remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille. C’était l’automne à New York, et tout le monde redoutait l’hiver, qui serait là dans à peine quelques semaines. Il était même redouté, car tout le monde savait à quel point cette saison était rude, et ils n’avaient pas encore assez d’abri pour espérer ne pas trop en souffrir. Se serrant encore un peu plus contre Nickolas, Lina observa attentivement la rue, même si elle se doutait qu’il faisait de même. Elle avait l’habitude des militaires qui ne relachait jamais leur attention.

Fronçant les sourcils en entendant des bruits de voix derrière eux, Lina tourna légèrement la tête, mais ne distingua rien dans le noir, les personnes étant sans doute encore trop loin.

« Tu crois qu’ils viennent vers nous ? »

Encore une fois, elle détestait se montrer aussi méfiante, mais c’était la seule solution pour éviter les problèmes.

Invité

Toutes ces petites choses qui faisaient qu'un lieu apparaissait tel un havre de paix, telles que le silence, une légère pénombre, une petite brise douce, légère et éphémère se transformaient sans détour en signes précurseurs de dangers imminents et omniprésents. La nature humaine était vouée à la méfiance, et à la prudence, dans le simple but de voir le lever du jour, de vivre une journée supplémentaire sur cette Terre, une satisfaction qui paraissait anodine il y a quelques temps et qui semblait miraculeuse en ces temps. La guerre, le chaos, la déchéance de l'Homme, avait eu le côté bénéfique d'ouvrir les yeux aux hommes, qu'ils conçoient enfin la chance qu'ils avaient de vivre dans un monde en paix, et Nickolas était bien de ceux-là. Même membre à part entière de l'armée, et Dieu sait qu'il avait vu la mort, n'avait jamais eu autant conscience du bonheur qu'est la vie. Mais à quel prix ? Tous mourraient de jour en jour, se consumant malgré eux, par cet instinct de survie qui faisait d'eux tous sauf des êtres humains, des bêtes, de leurs instincts primaires ... Le monde était le théâtre de toutes les désolations et de toutes les craintes innimaginées par les hommes passés. Tout cela faisait que chaque chose apparaissait comme la mort personnifiée, une ruelle, un bar, un port, son voisin, son ami, pire, sa femme ou ses enfants ... Personne ne savait à qui se vouer, à qui faire confiance.

C'était probablement pour cette raison que Nickolas n'avait confiance en personne, sinon en lui-même. A quelques exceptions près, évidemment, comme chaque membre du commando dont il était le major que ce soit Tyler, Carie, et surtout Mike. Même les personnes se battant à leurs côtés n'étaient en rien des alliés de confiance, de poids peut être, mais c'était tout. Puis, il y avait Lina. La seule civile à qui il aurait pu confier sa vie, la seule personne en qui il saurait avoir une confiance aveugle, qu'importe que ce fut à tort. Il ne se fiait à personne, et ne se défiait pas de quiconque, il se contentait seulement d'avoir cette réserve qui lui permettait de se raviser à tout instant et d'effectuer une manoeuvre qui sauverait sa vie, rien de plus. La preuve, il avait manqué de se faire abuser par Nathan, hier, et il avait omis sa réserve pour lui faire un tant soit peu confiance ... Que d'erreurs.

Evacuant ses craintes, Nickolas s'efforçait à marcher d'un bon pas, il était tout à fait inutile et inconscient de traîner sur le trottoir à cette heure. Il gardait Lina tout près de lui, ayant des regards furtifs pour elle, presque à chaque instant. Il n'était pas réellement sur le pied de guerre, mais il était très attentif, et les quelques voix qui parvinrent jusqu'à leurs oreilles. Par simple réflexe de prudence, il ressera sa main sur celle de Lina, et se saisit doucement de la crosse de son arme, sans pour autant la mettre à découvert. Il tourna un instant la tête pour observer ce qui pouvait l'être derrière eux, mais ne distingua vraiment rien, sauf l'intonation des voix qui se faisait un peu plus présente.

" Je ne sais pas, admit-il. Ce n'est pas une raison pour tarder. "

Il prit conscience que de rejoindre l'appartement de Lina serait une tâche pour le moins rude ce soir, vu le temps qu'ils avaient passé immobiles. Ayant forcément une idée toujours en réserver, il savait parfaitement quelle alternative il lui restait, et même si cela ne l'enchantait guère plus que cela, surtout vis-à-vis d'elle, il conçut le fait qu'ils s'y feraient quoi qu'il arrive. Ne s'attardant donc pas ici, il l'entraîna un peu plus rapidement en avant, juste avant de bifurquer dans une ruelle adjacente aussi sombre qu'odorante. Il passa devant elle sans lui lâcher la main, ouvrant la marche, et ressortant quelques instants après dans une rue un peu plus éclairée. Il connaissait l'endroit comme sa poche à force d'arpenter dans des rondes interminables les débris du quartier. Il avait même plus d'aisance de nuit que de jour. Il posa un moment les yeux sur elle, sachant pertinnement qu'il était grand temps de lui faire part de la manoeuvre qu'il était en taint d'entreprendre.

" Il faut être lucide, on ne pourra pas rentrer, dit-il faiblement. Je connais un refuge deux rues plus loin, fit-il dans un signe de tête évasif pour la rue sombre devant eux. J'y passe souvent quelques nuits. Ce n'est pas grand luxe, mais c'est sécurisé par des soldats. "

Il détestait le taudis qui lui servait d'appartement, et favorisait même les petits refuges de ce style pour passer ses nuits. C'était habiter par tous les sans abris et désespérés du coin, quelques psychopathes, et autres, mais il n'avait vraiment aucune meilleure idée. Installé dans un viel immeuble en partie rebâti sur des bases solides, le bâtiment était divisé en chambres collectives, et les nécessiteux pouvaient également y manger. C'était assez mal famé mais toujours plus sûr que les rues. Il ne craignait pas tellement d'y aller, surtout quand il était seul, cependant, c'était un peu plus délicat sur le moment. Il relâcha la pression qu'il avait sur son arme, et l'entraîna malgré elle dans la poursuite de leur avancée. Si elle n'acceptait pas, il était prêt à entendre meilleure proposition, et mis à part, les lieux de ce genre, rien ne saurait leurs faire office de toit qu'un morceau de carton.

Lina le suivit dans ses changements de direction, un peu étonnée, mais ne posa pas de question pour le moment. Elle se doutait qu’il avait certainement un plan de secours, mais surtout, elle était bien trop occupée à écouter tous les bruits. Pas que quelque chose allait échapper à Nickolas, mais juste parce qu’elle tentait de s’accoutumer à son environnement. Bien qu’elle doutait beaucoup y être accoutumée un jour, c’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle se battait tellement pour aider à reconstruire. Elle était consciente du fait qu’à elle seule, elle ne pouvait pas faire bouger les choses très vite, mais ne dit-on pas que l’union fait la force ? Et cette force, ils en avaient certainement besoin pour survivre, c’était même une certitude. Alors elle tentait de faire du mieux qu’elle pouvait, dans les domaines qu’elle maîtrisait le plus.

Hors cette nuit, cette ruelle sombre et dangereuse, n’était pas du tout son domaine, c’est pourquoi elle laissa Nickolas dirigeait les choses comme il l’entendait, sachant qu’il ferait au mieux. Il se mit devant elle, et Lina ne put retenir un petit sourire, appréciant le geste, naturel et altruiste. Jettant un coup d’œil inquiet sur ce qui les entourait, elle s’aligna sur sa cadence de marche, pressée de sortir de cet endroit. Pourtant, elle n’avait pas l’habitude d’avoir peur de tout et de rien, mais aujourd’hui, tout avait changé. Elle n’avait pas peur pour sa vie, ou tout au moins, pas plus que d’habitude, mais plutôt pour la sienne. Car elle savait qu’au moindre problème, il ferait en sorte de prendre tout pour elle, comme elle ferait pour lui. Sauf que l’enjeux était plus gros pour la jeune femme dans ce sens là.

Lorsqu’il lui proposa finalement la seule option qu’ils avaient, elle haussa les épaules dans une sorte d’approbation, sachant très bien qu’ils n’avaient pas beaucoup d’autre option. Elle aurait bien utilisé son pouvoir, pour se téléporter ailleurs. Mais elle était beaucoup trop fatiguée pour elle-même, alors quant à transporter Nickolas avec elle, ce n’était même pas la peine d’y penser. Surtout qu’elle n’avait jamais essayé de le développer à ce point, mais elle avait bon espoir pour y arriver un jour. Et il était inutile de dire qu’elle ne partirait pas sans lui de ce quartier, même si elle l’imaginait bien tempêter si elle disait ses pensées à voix haute, elle ne cèderait pas sur ce point. Ils s’étaient mis ensemble dans une mauvaise situation, et ils en sortiraient ensemble. C’était peut être infantile comme pensée, ou très film de super heroe, mais cela lui importait peu.

Mais il était inutile de dire que, même si ils étaient bloqués maintenant, elle ne regrettait pas ces instants passés, au contraire même. Elle se sentait enfin libre, et soulagée, mais surtout, elle avait l’impression que plus rien ne pourrait l’arrêter, maintenant qu’elle l’avait à ses côtés, et qu’ils étaient deux. C’était une sensation assez incroyable d’ailleurs, lorsqu’elle y repensait.

« Je ne vois pas ce qu’on pourrait faire d’autre de toutes façons. »

Elle avait également baissé sa voix d’un ton, plus par réflex que par autre chose, comme ils s’étaient remis à marcher. Ces abris n’étaient pas très réputés, même si il y avait toujours des miitaires dans ces lieux. En réalité, c’était surtout dangereux pour les femmes. Car évidement, ils n’y avaient pas que les sans abris dans ces refuges, mais aussi tous les déséquilibrés. Lina avait toujours vécue dans un monde un peu protégé, bien sur, elle était loin d’être naïve, ou stupide, mais face à la vrai violence, comme on en rencontre peu, elle se retrouvait vite désarmée. D’ailleurs, il était connu qu’il n’y avait pas plus dangereux qu’un être humain, car on ne pouvait jamais prévoir jusqu’où irait sa folie. La preuve était sous leurs yeux, face à ce qu’ils étaient devenus. Elle soupira doucement, se préparant mentalement à la nuit qu’ils allaient passer. Elle n’aimait pas réellement l’appartement qu’elle occupait, il n’y avait que le strict minimum pour y vivre, mais c’était sécurisé. Cela ne l’empêchait pas de dormir ailleurs la plupart du temps, supportant mal la solitude, après avoir passé des journées à retrouver des cadavres.

« On y sera dans combien de temps ? »

Sa question était légitime, car elle avait un doute sur le temps qu’ils pourraient passer dehors, sans que rien ne leur arrive. Ils avaient été d’ailleurs très chanceux jusqu’à présent, et elle n’avait aucune envie de pousser leur chance à ses limites.

Invité

" Je suis d'accord, lâcha-t-il dans un léger sourire."

Il n'avait pas pu s'empêcher de sourire, sa satisfaction avait besoin d'être exprimé quelques soient les circonstances présentes. Il était réellement heureux de s'être dévoiler à Lina, de savoir chacun de ces sentiments récirproques, et d'envisager une possibilité d'avenir ensemble. Il lui paraissait qu'il renaissait de ses cendres, prêt à être plus fort qu'il ne l'avait jamais été, si tant est que ce fut possible. Il se sentait investi d'une nouvelle force venu de nul part ... Ou plutôt, venu des évènements passés. Ils continuaient d'avancer, et Nickolas était loin de relâcher la cadence, simple habitude. Il ne voulait pas tellement tenter le diable à s'attarder ci et là sur le trottoir, et, tout en gardant Lina près de lui, il pousuivait sa route, bien décidé à rejoindre le fameux refuge en question. D'ailleurs, ils n'étaient vraiment plus très loin de l'endroit, voir tout près, et la question de la jeune femme eut sa réponse de part leur arrivée. Il se contenta donc de lui prêter un regard, sans autre forme de réponse qu'un léger sourire, entre amusement et neutralité.

Le bâtiment apparaissait comme plus que vêtuste, les conditions y étaient aussi précaires que l'apparence extérieure semblait l'annoncer. Habitué, Nickolas n'eut pas réellement d'hésitation, et posa seulement les yeux sur elle, avant de revenir à l'édifice. Deux soldats, lourdement armés, demeuraient en faction près de la porte, plutôt sur le qui vive, quoi qu'un peu évasif. N'étant pas là pour cela, Nickolas ne s'attarda pas dans quelques ordres stupides, parfaitement inutiles. Il se contenta d'entraîner Lina avec lui vers la porte, passant devant quelques toximanes vomissant on ne sait quelles substances sur le trottoirs, et des déséquilibrés posant des regards pervers sur eux, leurs adressant quelques parole incompréhensibles. Ne posant même pas les yeux sur eux, trop éceuré et les prenant en pitié, Nickolas savait surtout qu'on ne pouvait les aider qu'avec des infrasctrutures adaptées. Passant donc son chemin, il ignora le salut des soldats, et pénétra dans les lieux.

Le spectacle extérieur était semblable à celui règnant à l'intérieur, seulement pâlier par quelques enfants passant du couloir au hall d'entrée, dessinant sur leurs petits visages quelques sourires réconfortants. Nickolas était toujours aussi inquiet que satisfait de les savoir dans un tel état moral. Ils devraient être dans des écoles, et rentrer dans leurs foyers, au lieu de cela, la majrité faisaient les poubelles avec leurs parents. Ne préfèrant pas s'attarder sur ces images et sur les sentiments qui le prenaient au coeur, il n'accorda même pas un regard à Lina, trop conscient de la faiblesse qu'il démontrait à chaque fois qu'il croisait ce spectacle.

Il bifurqua de nouveau dans un couloir adjacent, sans lâcher la main de la jeune femme, surtout quand ils croisaient quelques personnes aussi louches et inquiètantes les unes que les autres. Il prit même la précaution de se placer devant elle quand ils croisèrent un homme aux yeux globuleux, le crâné légèrement dégarni, habillé de haillons, qu'il connaissait très bien. Une fois que l'homme en question fut passer, il se retouna vers elle pour la gratifier d'un complément d'informations :

" On l'appelle Adam, dit-il. Un jour, il a tenté de toucher une jeune femme ... "

Bien que le "toucher" soit tout relatif, le regard qu'il avait sur elle voulait tout dire. La seule raison pour laquelle ce malade était encore des lieux résidait dans le fait qu'on préfèrait le savoir ici, non loin des autorités, que dehors, aux prises avec quelque femme que ce soit. Il finit par se retourner, et reprendre son chemin. Ils finirent par enfin déboucher sur une petite chambre. Aménagée dans la sobriété, la pièce en question était seulement muni d'un lit simple. Il investissait toujours cette pièce qui lui était réservé pour la solitude et le calme qu'il y retrouvait. Quatre mètre carré maximun, réellement très primaire, mais qui lui suffisait plus que tout autre chose. Il relâcha la main de Lina et la laissa entrer, refermant la porte derrière lui, tout du moins, la repoussant au maximum jusqu'à ce qu'elle se bloque sans pour autant correspondre à l'encadrement.

" Ce sera ton cinq étoiles pour ce soir, déclara-t-il souriant. "

Face à son sourire, Lina sentit son espoir revenir, comme elle donna une légère pression sur sa main en retour.

« C’est normal, tu sais bien que j’ai toujours raison. »

Bien sur, elle n’en pensait pas un mot, mais son ton taquin, et son sourire provocateur avait pour but de détendre l’atmosphère, et ce n’était pas du luxe vu leur situation. Elle revint rapidement à la réalité, le tout jeune couple poursuivant son chemin. L’allure était rapide, mais la jeune femme était loin de s’en plaindre. Elle n’avait qu’une envie, c’était de se mettre un minimum à l’abris, et d’éviter les mauvaises surprises.

Sa question resta sans réponse, tout au moins sans réponse audible, comme il se retourna vers elle, lui faisant comprendre qu’ils étaient devant le refuge en question. Levant les yeux devant le bâtiment en ruine, Lina grimaça légèrement, s’étonnant qu’ils aient réussi à le garder debout. Et vu le quartier, il était évident que l’intérieur n’était pas mieux, mais de toutes façons, tout était détruit, ou presque, alors elle n’allait pas se plaindre d’avoir au moins un toit au dessus de leur tête pour dormir. Car dormir, elle en avait besoin, et rien que d’y penser, elle sentit déjà ses yeux la bruler à cause de la fatigue.

Une nouvelle fois, elle se laissa entrainer, il était évident qu’il connaissait les lieux. La jeune femme accorda un faible sourire aux soldats qui firent un salut militaire sur leur passage, par politesse, mais aussi parce qu’elle n’enviait pas leur place, ce soir là. Comme à chaque fois, la vue des armes lui fit froid dans le dos, mais elle ne prononça pas un mot, qui serait de toutes façon inutile. Si ces armes pouvaient leur empêcher de perdre la vie, alors cela lui allait. Le problème, c’est que la plupart du temps, il y avait toujours un perdant, et c’était définitif.

Secouant la tête pour sortir de ses pensées, elle observa les lieux sur leur passage, sentant son estomac se retourner lorsque des enfants passèrent près d’eux. Il était évident que ce n’était pas leur place, mais malheureusement, c’était la seule qu’ils pouvaient trouver. Pourtant, malgrè tout cela, ils continuaient de sourire, comme si eux, ils étaient persuadés que tout finirait bien. Après tout ce qu’ils avaient du voir, ça en était surprenant, car ils avaient perdu leur enfance innoncente depuis longtemps, certains ne l’ayant jamais eu même.

« Mon dieu… »

Elle souffla cette phrase de manière presque inaudible, comme elle observait le reste des personnes présentes. Bien sûr, beaucoup étaient dérangées, bien qu’elle n’aimait pas employer ce mot. Mais qui était-elle, à cet instant, et dans de pareil moment, pour les juger ? A vrai dire, elle s’étonnait toujours de ne pas somber elle-même dans la folie, et de résister. Pour cela, elle pouvait dire merci à ceux qui l’entouraient, et notament à l’homme qui lui tenait la main.

Lina observa rapidement l’homme qu’ils croisèrent, surprise que Nick se place carrément devant elle sur son passage. Mais ses explications, et surtout son regard, lui glacèrent le sang, à l’idée qu’il serait à quelques mètre deux cette nuit. Entrant dans la chambre, et le laissant bloquer la porte du mieux qu’il put, la jeune femme tourna sur elle-même pour observer la petite pièce dans son intégralité.

« J’espère qu’ils ont prévu le jaccuzzi alors. »

Elle répondit à son sourire par le même, ajoutant une réponse ironique. Bref, suffisament pour ne pas penser où ils étaient.

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La chambre était à peine clairer par une ampoule sortant du mur accompagnée de ses fils, diffusant une faible mais présente lumière dans la pièce. La couleur grise apposée à toutes les surfaces donnait l'impression à Nickolas d'être tout bonnement dans une cellule, et encore, celle d'un pénitencier devait même être plus grande. C'était loin d'être le grand luxe mais c'était l'endroit le plus sécurisé qu'il connaisse dans les parages, alors autant dire qu'il faudrait s'en contenter. Depuis quelques temps, cet endroit apparaissait même comme une aide providentielle pour certains, et c'était exactement pour cette raison que le Major Carter venait souvent oeuvrer par ici, si ce n'était pour la sécurité, il ramenait des vivres, du matériel médical, des couvertures, un kit de survie militaire pur et dur quoi.

Il ne pouvait rien faire de plus, et il le savait, alors donner un coup de main à droite à gauche quand il avait du temps libre lui suffisait pour se sentir un peu mieux. Il passait même pas mal de temps avec les enfants présents dans ce refuge, que ce soit pour jouer un peu, leurs raconter des histoires, les rassurer, tandis qu'il donnait les informations qu'il pouvait aux parents. Il faisait une multitude de petits boulots comme ceux-ci lorsqu'il venait, et en échange, il savait qu'il y aurait toujours une petite place pour lui, que chacun lui réservait. C'était assez réconfortant en fin de compte, comme un léger signe de reconnaissance qui était conséquent pour lui comme son moral.

Pour la première fois, il n'était pas venu seul, et honnêtement, cela le gênait plus qu'autre chose qu'elle ait dû voir dans quel endroit il pouvait vivre et passer du temps. Bien sûr, LIna en avait vu des choses qu'une jeune femme ne devrait jamais avoir à croiser, mais la réalité quotidienne de toutes ces personnes, et le quotidien de Nickolas à proprement parler ne faisait aucune fierté. Il n'aimait pas qu'elle doive traîner dans les parages : il préfèrait la savoir dans des hôpitaux à aider de quelques façons, ou oeuvrant dans la collecte et la redistribution de la nourriture ou autre matériel, mais pas à même la rue, les gens qui y traînaient et y mourraient.

" Je vais voir ce que je peux faire, répondit-il dans un sourire. Si j'arrive à trouver de quoi manger un peu, je crois que ce sera déjà pas mal. "

Il ne pensait pas avoir trop de mal en fait. Il lui fallait attendre que tous les occupants du refuge passent au souper, et il irait ensuite voir ce qu'il restait. Même s'il lui arrivait souvent d'avoir faim, il préfèrait attendre le lendemain et les rations millitaires que de se servir dans les vivres déjà maigres de toutes ces personnes dans le besoin. Il laissa la porte derrière lui, et vint au contact de Lina qu'il n'avait pourtant quitté que depuis quelques minutes. Il l'enlaça tendrement, passant ses bras autour de sa taille, la rapprochant au maximum de son corps.

" J'aurais préfèré ne pas t'imposer cela, souffla-t-il au creux de son oreille. "

A le voir agir, Lina se douta qu’il passait pas mal de temps dans ce refuge, pour ne pas dire beaucoup. Il avait ses marques, savait où aller, et connaissait le fonctionnement de la place. L’idée ne la dérangeait pas, au contraire même, elle était contente de voir qu’il aidait les gens du mieux qu’il pouvait, et même si elle le savait, voir où il allait la touchait encore plus. Mais ce qui l’inquiétait plus, c’était de voir le danger auquel il s’exposait. Bien sur, c’était un militaire, et il y avait vu des situations plus dangereuses, mais elle s’était toujours refusée à y penser. Elle appliquait la même méthode lorsque son frère partait en mission, ayant vite compris que c’était mis de rester dans l’ignorance. Car même si la peur était présente, ce n’était rien comparée à celle qu’on éprouvait quand on se rendait vraiment compte de la réalité.

A l’idée de manger, l’estomac de la jeune femme se tordit dans la protestation, lui indiquant qu’elle pouvait oublier cette idée. Elle mit ça une fois de plus sur la fatigue, mais aussi sur ce qu’elle venait de voir, n’ayant pas envie de prendre le peu de nourriture qu’ils pouvaient avoir dans ce refuge. Elle appliquait ça aussi lorsqu’elle partait aider dans un endroit, emportant sa propre nourriture, et un peu plus pour les autres, ou alors préférant manger plus tard.

« Je n’ai pas vraiment faim Nick, ne t’embête pas pour moi. »

Elle accueillit son contact avec enthousiasme, comme si il cela faisait longtemps qu’il l’avait quittée. C’était probablement dû au fait qu’elle avait pris sur elle pendant tellement de temps, à ne pas dépasser les limites, que maintenant, elle ne pouvait plus rien cacher. Mais dans le lieu où ils étaient, et dans le drame qu’ils vivaient, cela ne pouvait pas leur faire de mal. Mettant son visage dans le creux de son cou, elle sourit légèrement à sa phrase.

« Ne t’inquiète pas pour moi. »

En réalité, cela lui importait peu où ils étaient, et ce qui les entouraient. Ils étaient ensemble, et en bonne santé, le reste, ils pourraient gérer. Cela pouvait paraître très « eau de rose », mais pourtant, après tout ce qui c’était passé, ce genre de détail comptait beaucoup, ou tout au moins pour Lina. Et même si elle ne lui avait pas dit, par simple pudeur sur ses sentiments, son expression le faisait pour elle. Levant la tête vers lui, elle se mit sur la pointe des pieds, et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Il fut rapide, car il y avait pas mal de bruits dehors qui l’inquiétait, ne sachant pas si c’était normal ou pas.

Invité

" T’ai-je seulement demandé ton avis ? Dit-il dans un léger sourire taquin et tendre.

Il n’insista pas pour autant. Il ne pourrait et ne voulait la contraindre, et, en toute honnêteté, l’idée de sortir de cette pièce et de la quitter même quelques minutes ne l’enchantait guère. Premièrement, il ne voulait pas la savoir seule, pas entre ces autres murs, c’était un endroit trop hostile pour qu’il l’y laisse consciemment et impunément. Ensuite, il était trop heureux d’être près d’elle, avec elle, ici et maintenant, sans personne aux alentours, enfin presque, dans un endroit qui respirait un tant soit peu de sécurité. C’était encore très modeste et tout autant relatif, il fallait l’admettre, mais Nickolas voyait déjà cela comme un progrès et pas des moindres.

Sentant le souffle chaud de Lina dans son cou, il frissonna doucement de plaisir, conservant ainsi son sourire, largement étendu sur ses lèvres. A dire vrai, peu lui importait l’endroit et le temps qu’il était, Nickolas était seulement heureux d’être avec elle, et personne d’autre, il avait certainement tant attendu cet instant, qui lui paraissait encore irréel. Quand le fait de la prendre dans ses bras n’était plus de l’amitié, non, c’était bien plus que cela, il lui exprimait enfin explicitement tout l’amour qu’il lui avait toujours porté, et le plus confortant était de savoir tout cela totalement réciproque. Nickolas avait tellement espéré qu’il s’était même fait à l’idée que ce soit impossible, qu’il devait oublier ses rêves, son utopie, et pourtant, il avait bien fait d’y croire encore, toujours, jusqu’à ce jour, où il s’était enfin libéré et où il avait concrétisé et assouvi son désir.

" Mais j’aime m’inquiéter pour toi, répliqua-t-il dans un sourire. "

Il profita rapidement de ce baiser pour le moins prompt, et tendit l’oreille sur les bruits qui leurs parvenaient. Nickolas savait que l’endroit n’était pas spécialement calme, et ce, à toute heure du jour comme de la nuit, d’autant que les va-et-vient se faisaient surtout lorsque le soleil était couché, cependant, l’activité extérieure à la pièce ne lui apparaissait pas comme réellement « banale ». Pour plus de sécurité, et surtout, pour se combler son doute, il se détacha doucement de Lina, pour approcher de la porte, fronçant doucement les sourcils. Il fallait s’attendre à tout, surtout dans un endroit comme celui-ci, où le danger était plus présent qu’on ne savait le soupçonner.

Nickolas dégaina tout simplement, et conserva son arme contre sa cuisse par pure précaution. Il aurait été profondément stupide de braquer son canon sur n’importe qui, ce qui aurait causé plus de peur qu’autre chose, et même du mal en cas de prise de panique. Il posa un moment les yeux sur elle, lui adressant un sourire confiant, et un regard amoureux, avant de tirer gentiment la porte vers lui. Il s’y reprit à deux fois pour qu’elle daigne enfin lui céder la place, et il s’engagea précautionneusement dans le couloir, un regard à droite puis à gauche. Ses yeux se posèrent enfin sur la source de l’agitation, et il rangea son 9mm, prenant soin de rabattre sa veste par-dessus : le fameux Adam avait encore fait des siennes auprès d’une fillette. La situation était moins dramatique qu’il n’y paraissait puisque d’autres occupants du refuge s’en étaient mêlés pour la défaire de son prédateur. Nickolas le savait déséquilibré, mais il ne le pensait pas réellement dangereux, pourtant, il lui apparut évident qu’il en avait déjà assez fait en ces lieux, et que le mieux pour lui comme pour les autres serait de l’enfermer dans un périmètre militaire sécurisé.

Aussitôt qu’il songea à cette alternative plus qu’évidente, il adressa quelques ordres en ce sens à l’un des soldats qui s’était engouffré dans le refuge. Il s’exécuta dans un salut, auquel Nickolas daigna répondre rapidement, et disparut emmenant le dénommer Adam avec lui, disparaissant rapidement du couloir. Il eut ensuite le charmant plaisir de croiser le regard assassin de la fillette blottit dans ses bras, qui lui adressa même quelques insultes et jurons fort poétiques, que Nickolas s’efforça d’ignorer, bien qu’il se savait en tort, et culpabilisait dans son silence et son regard fermé. Il regagna la chambre d’un pas lent, et autant dire que son moral en avait pris un coup …

« Oh je vois, zorro s’occupe de tout. »

Son ton était aussi taquin, mais elle aimait ce genre de geste d’attention de sa part. Même s’il en avait toujours eu, cette fois-ci, elle savait dans quel sens l’interpréter, et la rendait encore plus heureuse que leurs barrières soient baissées.

Une fois de plus, leur moment de calme ne dura pas, et Lina observa le major sortir de la chambre, son arme à la main. Croisant les bras sur sa poitrine, elle s’approcha de la porte, et s’appuya contre l’encadrement. Il n’était pas très prudent pour elle d’aller plus loin, et même si elle en mourait d’envie, elle se retint pour une fois. Imprudente, oui, mais pas suicidaire quand même. De là où elle était, elle ne pouvait pas voir grand chose, pour ne pas dire rien du tout, mais elle comprit le problème en entendant les différentes conversations.

Soupirant, elle se demanda comment, et surtout quand, tout ça finirait. Il y avait de nombreux problèmes de ce genre dans la ville. Les prisons étant détruites pour la plupart, les seuls qui restaient servaient non seulement pour les plus grands criminels, mais également aux prisonniers de guerre. Car même si personne n’en parlait, tout le monde savait qu’il y en avait. Et malheureusement, il n’y avait plus de place pour les autres, qui étaient mélangés à la population. Alors certains avaient autre chose à faire que de continuer leurs activités, avec tout ce qui c’était passé. Cela les avait peut être fait réfléchir, ou ils étaient trop occupés à survivre, peut importait la raison. Ils se tenaient tranquiles, c’est tout ce qui importait. Mais certains tombaient réellement dans la folie et dans la violence dans la douleur des évènements, et dans la précarité de la situation. Et dans ces cas là, les conséquences étaient dramatiques, ce soir n’était qu’un petit apperçut.

Un mouvement dans le coin de sa vision capta son attention, et Lina tourna la tête, pour voir deux hommes arriver près d’elle, et s’arrêter à son niveau en souriant. Fronçant légèrement les sourcils, la jeune femme hésita sur sa manière d’agir, leur sourire ne donnait pas vraiment une idée de ce qu’ils voulaient. Elle regarda rapidement dans la direction où Nick était parti, mais elle pouvait l’entendre donner des ordres, probablement aux soldats, alors elle rennonça à son espoir de le voir arriver à cet instant. Adressant un sourire en réponse, qui ne voulait pas dire grand chose non plus, elle se décida pour un comportement neutre.

« Je peux vous aider ? »

Mais la réponse fut encore moins claire, lui faisant comprendre qu’ils devaient avoir beaucoup d’alcool dans le sang. Et en les voyant faire quelques pas pour se rapprocher encore, la jeune femme regretta son choix de ne pas avoir suivit Nick.

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Sentant parfaitement la culpabilité prendre sa place dans ses veines, Nickolas maudissait tout ce qu’il pouvait bien maudire en lui, de sa nature même, à la plus belle de ses qualités, si tant est qu’il en est une. Il était d’un pessimisme impressionnant quand il s’y mettait, et ce regard lui avait insufflé tout ce qui pouvait bien aller en ce sens. C’est vrai, il n’était qu’un crétin, un demeuré, complètement inconscient, qui avait laissé cette fillette aux prises avec ce malade, dont il connaissait exactement les soucis psychologiques, ou presque. Il l’avait laissé au milieu de ces gens en toute impunité, et le drame avait été évité de peu. Il se jurait haut et fort qu’il n’était qu’un crétin, profondément stupide, ignare et tout ce qui pouvait s’ensuivre, qui le menait inévitablement à une remontée dans son propre estime.

Comment osait-il prétendre pouvoir aider à redresser le monde quand il n’était même pas capable d’assurer un minimum de sécurité vis-à-vis de ces malades mentaux ? Il comprit rapidement que de se démonter ainsi ne lui servirait à rien, et que même si l’erreur était humaine, il en ressortait avec un peu de connaissance, au prix d’un grand mépris, mais il avait compris quelque chose au moins pour ce soir. On apprenait plus de ses échecs que de ses réussites selon les dires, aussi, Nickolas conçut un moment l’espoir qu’il ait eu réellement besoin de cet incident pour comprendre ses erreurs, et ne plus les renouveler dans l’avenir. Posant le regard sur le sol, il était encore abandonné à peser le pour et le contre de cette affaire, cependant, bien résigné à ne croiser aucun regard qu’il savait posé sur lui devant son passage. Qu’il y réside encore un peu de reconnaissance, du mépris, ou pire, de la haine, Nickolas ne comptait pas s’achever moralement tout de suite, et passa son chemin au plus vite, poursuivant sa route, à une allure la plus rapide qu’il pue le faire dans l’étroit couloir.

Cependant, il s’arrêta dans son élan quand quelqu’un vint se poster devant lui. Il fut contraint à l’arrêt et releva les yeux pour les poser sur l’importun. Il eut un regard furtif pour Lina qui se faisait approcher par deux hommes, et même s’il fronça les sourcils un moment, il fut bien contraint de croiser le regard du premier intervenant. Il tomba nez à nez avec une femme d’âge mûre, un peu plus petite que lui, un air bienveillant dépeint sur le visage qui commença par l’étreindre avec force. Il eut ainsi le temps de revenir à Lina un moment, malgré sa surprise, et n’en fut que plus pressé de la rejoindre d’autant qu’il ne discernait pas ce qu’elle venait de leurs dire. La vielle femme se recula enfin en desserrant son étreinte, posant un regard reconnaissant sur lui. Il fut pour le moins touché par ce geste, qui était réconfortant il fallait bien le reconnaître et abandonné Lina un moment, en dépis du danger qui semblait la guetter. La femme ne prononça aucun mot à son adresse, et Nickolas comprenait les gestes qui voulaient tout dire, d’autant qu’une petite fille vint tirer sa veste pour lui donner un baiser sur la joue, ce qu’il accepta dans un léger sourire, avant de baiser le front de la fillette. Elles avaient dû percevoir sa détresse, et Nickolas ne les remercierait jamais assez de la force qu’elle venait de lui redonner de nouveau. La vielle femme était toujours devant lui, dans son sourire, et il gardait quelques brefs regards pour Lina, guettant le moindre changement qui lui semblerait trop subite pour être bon.

Tournant une fois de plus la tête vers le couloir, Lina fut soulagée de voir Nickolas revenir. Mais ce soulagement fut bref, comme il fut arrêté par une vieille femme, qui commença à l’étreindre. La scène était assez touchante, notament lorsque la petite fille arriva. La jeune femme observa la scène un moment, sans pour autant arriver à déterminer le pourquoi du comment de cette situation, mais dû reposer son attention sur les deux hommes. Ils n’avaient pas bougé de leur place, mais un d’eux s’était mis à parler, de manière vive et bourue, si bien que Lina ne comprit pas un seul mot de sa phrase.

« Je suis désolée, je ne comprends pas. »

Haussant les épaules avec un air désolé, elle espéra qu’il n’ait pas besoin d’une aide quelconque, car elle serait incapable de lui fournir. En effet, comment aider quelqu’un, quand on ne connaît pas son problème ? C’était malheureusement chose courante, Lina se retrouvait souvent confronté à des gens, et ne savait pas comment les aider. Et il n’y avait rien de pire, que de se sentir dépassée par les évènements, et impuissant. Fronçant les sourcils dans une mimique de concentration lorsque le second inconnu se remit à parler, elle ne disserna qu’un seul mot : nourriture. Secouant la tête négativement, en se rendant compte que finalement, tout ce qu’ils voulaient c’était manger, Lina se vit obliger de refuser, n’ayant rien sur elle, d’un ton sincèrement navré.

« Je n’ai pas de ration, rien. »

Elle n’eut cependant pas le temps de se justifier, comme le second homme lui attrapa le bras d’un geste brusque, le serrant avec force. Voulant se débattre pour lui faire lacher prise, Lina ne put rien faire d’autre que de jetter un coup d’œil rapidement à Nickolas, avant de se faire jetter contre le mur opposé. Légèrement sonnée, elle se laissa glisser sur le sol, et tenta de dicerner les propos de l’homme, maintenant en colère, qui hurlait vraissemblablement des insultes à son égard. A quoi c’était dû, elle n’en avait aucune idée, mais toujours est-il qu’elle se demanda comment la situation avait pu déraper si vite. Et elle était loin au bout de ses surprises, car alors que l’homme levait le poing vers elle, d’un geste menaçant, son pouvoir se remit miraculeusement à fonctionner, dans un pur réflex sans aucun doute. Elle n’alla pas bien loin, puisqu’elle fut téléportée au bout du couloir, et tomba sur le sol dans la surprise.

Marmonant dans la douleur, Lina porta une main sur ses yeux, sentant une bosse se former à l’arrière de sa tête, mais ne se releva pas tout de suite. Déjà, elle était légèrement sonnée, et préférait attendre de récupérer son équilibre avant de tenter de se redresser. Et ensuite, elle avait peur de voir les dégats que la démonstration de son pouvoir avait pû faire, car elle ne savait pas de quel côté pouvait être les occupants de ce refuge. S’ils ne surportaient pas l’idée que quelqu’un soit différent, elle aurait encore réussi à les mettre dans une sale situation.

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Avait-il évoqué auparavant le fait qu’il puisse se trouver profondément idiot et se ronger d’une culpabilité sans égal ? Il n’avait encore rien vu de ce qu’il était capable de s’infliger, et des erreurs qu’il était capable de commettre. En réalité, le pire était même à venir, et même si la femme lui bloquait encore le chemin, et qu’il ne voulait guère la presser après autant de gentillesse à son égard, Nickolas sentait bien que quelque chose de peu convenant se préparait. Il demeurait immobile devant l’opportuniste bienveillante, cependant, il continuait de gigoter de gauche à droite pour garder Lina dans son champ de vision. Il pouvait certes la voir, mais il ne pouvait entendre ce qu’elle disait, et ainsi, comprendre le pourquoi du comment de sa situation, et pour l’instant, il demeurait quelque peu « piégé ».

Tout se passa en quelques secondes, si bien que Nickolas ne comprit pas tellement le fil et la tournure des évènements qui se passèrent. Il eut bien le réflexe d’accorder un regard pour la vieille femme, avant de totalement s’en détourner pour voir l’homme abattre la femme qu’il aimait contre le mur. Sans trop comprendre quelle force vint l’habiter, il se décala contre le mur, esquivant du même coup la femme, et la fillette, qui lui barrait la route, avant de s’élancer dans la direction de Lina et des deux hommes. Il n’eut pas le temps d’attendre leurs positions qu’elle avait usé de son pouvoir pour s’éloigner du danger, au moins temporairement. Nickolas se sentit en proie à la colère, et il se saisit sans ménagement de l’homme qui avait levé la main sur elle avant qu’elle ne disparaisse. Il le plaqua sèchement, voir violemment au mur, le maintenant sous le feu de son regard assassin. Il discerna cette lueur de peur qui prit la place de la colère, mais Nickolas n’aurait pu savoir si cela lui était réellement dû ou si l’homme était effrayé par la superbe démonstration de Lina. Toujours est-il que Nickolas était prêt à le tuer sur le moment, ici-même, par pure et simple vengeance. Cependant, il n’en fit rien, et se recula tout bonnement en le relâchant toujours aussi sèchement, l’envoyant brusquement vers l’opposée de la position de Lina. Il n’eut qu’à poser son regard furieux sur le second homme qui ne tarda pas non plus à suivre son compère dans un regard mi méprisant, mi craintif.

Nickolas les observa partir, le souffle saccadé, les sourcils froncés, le regard plus froid et meurtrier qu’il ne l’avait jamais été. Ses traits se radoucirent tout de même lorsque ses yeux gagnèrent la vielle femme de tout à l’heure, qui avait toujours cet air si compréhensif, si bienveillant, que Nickolas n’expliquait pas, surtout après tout cela. La fillette restait prêt de ce qui devait être sa grand-mère, bien serrée contre elle, purement craintive, fixant intensément un point derrière lui. Il se retourna enfin pour revenir à la conscience, et poser les yeux sur Lina. Il vint promptement à elle, et la releva doucement, s’approchant au plus prêt qu’il le pue sans jamais l’entraver. Son visage avait perdu toute colère, et s’était intensifiée dans une tendresse et un amour inexplicable. Il écarta quelques mèches qui cachaient le visage de la jeune femme, avant de caresser doucement sa joue.

" Est-ce que ça va ? Dit-il doucement. Je suis désolé. "

De là où elle était, Lina ne pouvait seulement qu'entendre les bruits, ce ce qu’elle devina être Nickolas repousser les hommes, mais ne releva pas encore la tête, ayant toujours les yeux fermés. A cet instant, elle aurait bien pleurée comme une petite fille, par simple contre coup, mais aussi par accumulation de ces derniers jours. Elle faisait partie de ces personnes qui ne disaient jamais rien, qui avaient des nerfs d’acier, et qui restaient calme par n’importe quelle situation. On pouvait mettre cela sur de la pudeur de ses sentiments, en réalité, elle n’avait jamais vraiment cherché à comprendre, car cela lui était bien utile de conserver son sang froid en situation d’urgence. Et une fois de plus, elle refoula tous ses sentiments, et lorsqu’elle ouvrit les yeux, ils étaient parfaitement secs, et neutres.

Elle eut un faible sourire lorsqu’elle vit Nick se pencher au dessus d’elle, qui se termina en une grimace de douleur quand il la fit se relever, mais elle ne dura pas. Jettant un regard rapide autour d’elle, Lina se détendit légèrement en voyant que personne ne semblait vouloir la bruler sur le bucher pour ses dons, et elle en fut soulagée. Tout ce qu’elle voulait à cet instant, c’était s’enfermer dans ce qui leur servait de chambre, et se rouler en boule dans le lit pour tout oublier.

« Oui ça va. »

Bien sûr, c’était une réponse toute prête, et elle n’en pensait pas un mot, mais elle détestait se plaindre. Posant sa main sur l’arrière de sa tête, elle soupira en sentant la bosse qu’elle s’était faite contre le mur et en tombant, mais heureusement, elle ne semblait pas avoir de plaie. C’était déjà ça de gagné.

« Pourquoi tu es désolé ? Tu n’as rien fait. ça va toi? »

Elle leva un regard quelque peu déboussolé vers lui, avant de se détendre en voyant l’expression de son visage, se sentant déjà mieux par sa présence.

« Ils sont partis ? »

Elle se doutait qu’il avait dû se montrer fort peu sympathique, mais ne put retenir sa question, inquiète à l’idée de voir les deux hommes revenir. Ils l’avaient certainement effrayée, mais quelque part, elle ne leur en voulait pas. Si les rôles étaient inversés, et qu’elle était dans leur situation, elle n’avait aucune idée du type de réaction qu’elle aurait, ou de ses agissements. Alors elle s’interdisait de les juger, se disant que dans le malheur qui avait touché le monde, elle faisait partie de ceux qui avaient quand même eu de la chance.

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" Justement, lâcha-t-il. Je n'ai strictement rien fait. "

Il ne prit même pas la peine de lui répondre, la réponse lui paraissair évidente en fait; quelque chose qui lui ressemblait bien comme un "Cela n'a aucune importance", laissant toujours passer Lina avant lui et pour le moment, toute trace de culpabilité s'était estompée d'elle-même pour laisser place à une extrême attention surplombée par une inquiétude purement légitime. Il savait que tous ses remords reviendraient bien asse vite, sûrement pour nuir à son sommeil, cependant, pour l'instant, il était surtout résigné à ne plus la lâcher d'un centimètre, il s'en faisait la promesse solennelle et muette. Nickolas ne préfèra même pas s'étendre de trop sur la question pour le moment. Il voulait juste la ramener dans la petite pièce exigue, assurant par la même une protection plus que rapprochée, et veiller à ce que le reste de son séjour ici se déroule dans le meilleures conditions possibles. Il y était plus que résolu, c'était certain, et il n'y avait rien de mieux que les erreurs et les conséquences de celles-ci pour résoudre quelqu'un à une tache, sans aucune restriction, ni doute.

" Selon moi, ils ne sont pas prêts de revenir, répondit-il faiblement. "

Il se jurait surtout qu'ils en avaient tout intérêts s'ils tenaient à leur vie. Il la conduisit ensuite à ce qui leurs tenait lieu de chambre, et la laissa le devancer une fois la porte dépassée. Il la referma aussi archaïquement que la première fois, et se plaça juste devant, fermement décidé que rien qui pourrait aller à leur encontre n'en passerait le pas. Il garda les yeux posés sur elle, entre songes et conscience, regret et amour, peut être plus perdu qu'il ne voulait bien le reconnaître en fin de compte. Il avait toujours ressenti ce besoin de prendre sur lui, d'être fort pour les autres, qui l'était finalement pour lui ?

" Tu n'as rien à craindre d'eux pour ton pouvoir, lâcha-t-il, sortant subitement de ses rêves. "

La majorité des occupants de cet endroit en connaissait l'existence et une autre partie en était même dotée, cependant, Nickolas, à force de démonstrations, les avait tous, ou presque, persuadé que rien ni personne de néfaste ne rentrerait ici pour user de ses dons. Il faut dire que le sien en avait aidé plus d'un. Il leurs avait rendu service en retrouvant par ce moyen des êtres proches et chers disparus, pour le deuil des uns ou la satisfaction des autres. Il leurs devait au moins cela, sinon bien plus, cependant, il ne pouvait agir avec plus d'envergure, il n'était rien d'autre qu'un homme, rien d'autre ...

Lina fut surprise par sa réponse, mais ne dit rien, puisque ce n’était ni le moment ni l’endroit pour parler de ça. Quelque peu rassurée par sa réponse, elle se releva, plutôt difficilement, et se laissa reconduire à leur chambre. La jeune femme évita tout contact visuel avec un autre réfugié, ne se sentant pas d’attaque à les affronter si il y avait un problème. Il y avait des jours où elle n’avait aucun problème à relever les affronts, si on pouvait appeler ça comme ça, elle soutenait les regards, et avait la répartie nécessaire. Mais des jours comme ce soir là, elle ne pouvait que les ignorer, n’ayant pas envie de rajouter ce genre de choses sur son moral.

Entrant dans la chambre, Lina s’arrêta au milieu, et se retourna vers lui, le regarda fermer la porte d’un air absent, se demandant à quelles autres surprises ils avaient avoir droit. Et d’ailleurs, elle se demandait même si ça finirait un jour, car cela faisait à peine quelques heures qu’ils étaient ensemble, qu’ils étaient enfin bien, et ils n’avaient toujours pas pû se retrouver pour discuter. Et ce ne se ferait certainement pas ce soir, au vue des derniers évènements. Secouant la tête, elle refusa de continuer sur ce type de pensées. Elle ne regrettait rien, peu important la tournure que prenait les évènements, et si elle devait mourir demain, elle n’aurait aucun regret.

Acquiessant silencieusement à ce qu’il dit, elle resta à nouveau silencieuse, et prit place sur le lit. Cela lui enlevait déjà un poid de savoir ce détail, qui n’était pas des moins importants. Observant le visage de Nickolas, elle n’avait qu’une seule envie, c’était de réduire cette espace entre eux, ayant l’impression que cela faisait déjà trop longtemps qu’elle ne l’avait approché. Et pourtant, il y a moins d’une minute, elle était à quelques centimètres de lui. Mais encore une fois, l’explication venait du fait qu’elle avait refoulé ses sentiments pendant tellement longtemps, qu’elle ne se lasserait pas de si tôt de sa compagnie. Et c’était d’ailleurs impressionant de voir à quel point elle avait besoin de lui. Levant le regard vers lui, elle s’arrangea pour croiser son regard, lui faisant comprendre de la rejoindre.

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Nickolas avait la désagréable impression qu'il venait de comettre deux graves erreurs en moins de cinq minutes, et sincèrement, il en ressentait plutôt brisé, voir démoli. Il avait pourtant confiance en lui d'habitude, peut être un peu trop parfois, cependant, il ressentait un manque, comme toute trace de cette fierté estompée derrière sa culpabilité. Cette dernière s'acharnait à le ronger, et il luttait surtout pour éviter les regrets inutiles qui l'empêcheraient seulement d'avancer. Il n'allait pas s'arrêter maintnant, pas en chemin, il avait encore beaucoup à faire, à donner, et peut être même à recevoir, et ce n'était pas cette posture morale-là qu'il y arriverait, il en était conscient.

Il secoua doucement la tête, reprenant ses esprits, et un peu de son fidèle aplomb, droit et fier. Il expira longuement, avant de relever la tête pour croiser le regard de Lina. Si elle pouvait seulement imaginer à quel point sa seule présence avivait l'espoir et la satisfaction en lui, si seulement. Quoi qu'il en soit, il ne tarda pas, ne se fit pas désirer et vint gentiment s'assoir sur le bord du lit, vraiment au bord, gardant le regard fixé sur elle, attentif, cette lueur tendre et amoureuse perçant son regard sans détour.

" Cela ne t'arrive jamais de regretter quelque chose à tel point que tu as l'impression que tout ce qui fait ton monde s'évanouit ? "

Il avait lâché sa question d'un ton parfaitement posé, serein, presque banal en fin de compte. Il aurait pu lui demander le temps qu'il ferait demain que cela aurait été égal. En réalité, sa question avait vraiment du sens et de l'importance pour lui, cependant, il s'était totalement perdu dans son regard, nourissant autant de rêves que d'espoirs. Il avait perdu un moment le fil de l'histoire, de ses pensées. Chaque chose vint doucement reprendre sa place, et il retomba enfin sur Terre, avant de se détourner d'elle, fixant le mur, en face.

" Laisse tombé, ça n'a aucune importance, en fait. "

Jouant avec son bracelet, Lina était complètement perdue dans ses pensées. Encore une fois, elle avait eu la preuve que leur situation était instable, et que tout pouvait déraper en une fraction de secondes. Ils avaient eu de la chance sur ce coup là, mais ils n’en auraient pas tout le temps. Et pourquoi finalement ? Il n’y avait pas de raison valable à tout ça, et cela déprimait la jeune femme que tout pouvait basculer, qu’ils pouvaient tout perdre en un rien de temps, et pour rien.

Sortant de ses penseés lorsqu’il la rejoignit, Lina posa son regard sur lui, comme il lui posa une question plutôt déconcertante. Elle préféra ne pas répondre précipitament, sachant que même si le ton était banal, la question ne l’était pas. D’ailleurs, elle avait du mal à voir où il voulait en venir, mais elle comprenait ce qu’il voulait dire. Oui ça lui était déjà arrivé, et pas qu’une fois, et à chaque fois, elle avait réussi à s’en relever, elle ne sait pas trop comment d’ailleurs. Elle n’eut cependant pas le temps de chercher de quoi il parlait exactement, qu’il se rétracta, mais elle ne crut pas un seul mot, lorsqu’il prétendit que cela n’avait aucune importance. Fronçant les sourcils lorsqu’il persista à fixer le mur, Lina se redressa légèrement, voulant savoir ce que tout cela cachait.

« De quoi tu parle Nick ? Qu’est ce que tu regrettes ? »

Elle s’attendait à ce qu’il la repousse, ne voulant pas en dire plus, et elle l’aurait compris en fait. Il était parfois dur d’arriver à exprimer ce que l’on ressentait, et même de le partager, pour diverses raison. Se rapprochant de lui, la jeune femme posa sa tête sur son épaule, étant calée contre son bras, apportant ainsi le peu de réconfort qu’elle pouvait, silencieusement. Elle aurait aimer faire plus, résoudre le problème pour lui, et lui rendre le sourire. Mais tout ce qu’elle pouvait faire, était d’être là, et lui montrer, en espérant que cela soit suffisant.

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" Je pensais que j’étais exactement la personne qu’il fallait pour aider tous ces gens, répondit-il après un moment, sans jamais cesser de fixer le mur, j’avais tort. Quand je vois que je me bats chaque jour pour qu’ils survivent, les protégeant, les aidant, et en fin de compte, je ne suis même pas capable de faire cela pour eux … Si tu avais vu le regard qu’elle avait sur moi … "

Il s’arrêta là, sans même la regarder, il se sentait vraiment coupable, et encore heureux qu’il ne soit rien arrivé de vraiment fâcheux à cette petite fille, cependant, ce regard purement répréhensible avait ébranlé tout son monde dans le sens où il confirmait tous les doutes et toutes les questions qu’il avait déjà avant, et qui le rongeaient depuis un moment maintenant. Un simple regard n’avait fait que confirmer toutes ses craintes, surtout quant à son utilité aux autres. Il avait failli sur bien des plans à commencer avec Lina, cependant, il demeurait encore perturbé par la fillette, ses regrets, et sa culpabilité.

" C’était ma seule utilité ici, qu’est-ce que je peux bien faire d’autre… ? Reprit-il évasif avant de lui prêter un regard. "

Il était fatigué, tourmenté, la vie lui semblait bien difficile et tous les facteurs l’entourant lui donnaient d’autant plus un mauvais moral, au plus bas. Il manquait de sommeil et ainsi de lucidité, c’était certainement la principale raison qui faisait autant son pessimisme, sans compter tous les doutes qui le travaillaient depuis un moment, qui n’arrangeaient rien puisqu’ils attendaient sagement une confirmation, un évènement qui les démontreraient comme véridiques, histoire de le démolir de l’intérieur, en bel inconscient, Nickolas se consumait de lui-même, à toujours prendre sur lui pour épargner aux autres. La sentir près de lui avait quelque chose d’apaisant, l’éclairant même quelque peu. Il savait surtout qu’il avait grand besoin de dormir pour y voir plus clair.

" Demain est un autre jour, lâcha-t-il après un moment dans un léger soupir. Si tant est qu’on le voit se lever … "

« Tu ne peux pas protéger tout le monde Nick, tu n’es pas un superheroe, et ce que tu fais pour eux est déjà énorme. Et tu ne peux pas te fier à ce qu’il s’est passé sur le moment, les gens ne réagissent pas pareil sous la colère. »

Elle était bien placée pour le savoir, il lui arrivait d’avoir des moments d’impulsivité, pendant lesquels ses actions et ses paroles dépassaient alors sa volonté. Bien sûr, elle le regrettait la seconde d’après, mais ce n’était pas pareil. Puis après tout ce qu'il avait fait pour ces gens, elle mettait quiconque au défis de dire le contraire devant elle.

« Puis tout s’est bien terminé, il me semble ? Et je suppose que c’est eux qui sont venus te voir après ? Donc tu n’as pas à t’en faire pour rien, tu fais beaucoup pour eux, et tu le sais. »

Le regardant dans les yeux, Lina sourit légèrement, espérant que ses mots aient un quelconque sens pour lui, voire même un soulagement, mais elle en doutait pour cette partie. Ils étaient tous deux fatigués, et demain, ils y veraient plus clair. Comme s’il lisait dans ses pensées, il exprima tout haut ce qu’elle avait pensé tout bas, sauf qu’il sortit la version plus pessimiste.

« Enfin, ça serait quand même symas qu’on le voit, ce serait notre premier matin. »

Avec un petit sourire, elle ajouta une petite touche sensible sur un ton assez doux. Car c’était peut être un détail, mais qui avait quand même son importance pour eux d’eux, après avoir attendu tant d’année.

Invité

Souvent, sous le coup de cette fameuse colère, on disait justement tout haut ce que la raison nous disait de seulement penser tout bas. C'était justement le sens de la rélfexion et la logique de la conclusion élaborée par Nickolas. Il savait que Lina ne tenait qu'un discours parfaitement véridique, et il reconnaissait aussi que la fatigue jouait beaucoup sur son moral comme sur ses rélfexions. A dire vrai, il ne se souvenait même pas de la dernière fois où il avait passé une vraie nuit de sommeil bien réparateur. De son temps, il ne dormait que trois voir quatre heures pas nuit, et même s'il s'y était habitué, il continuait de fantasmer sur une bonne nuit de huit à dix heures. On rêvait de tout et aussi de n'importe quoi dans ces circonstances ...

" Je sais que tu as raison. "

Elle lui disait tout simplement ce qu'il avait besoin d'entendre. Ce qu'il savait pertinnement mais dont il ressentait le besoin de se le voir confirmer par quelqu'un d'autre, quelqu'un de plus objectif que lui-même. Lina tenait ce rôle à merveilles, et elle apaisa réellement Nickolas, même s'il gardait encore la réserve de sa culpabilité. Ce genre de sentiments ne s'effaçait pas si facilement, cependant, il était bien décidé à se donner le temps de se remettre en question sans pour autant se démolir inutilement.

" Tu as encore raison. "

Il émit un sourire confiant. Il était bel et bien l'heure d'aller dormir et de prendre un peu de repos après cette journée, et surtout cette soirée, harassante. Avant cela, il devait malheureusement prendre soin de sa blessure. Il s'écarta donc doucement de Lina, jusqu'à se relever. Il retira tout simplement sa veste d'où il extirpa sa trousse de premiers secours, afin de changer son bandage et de vérifier que sa plaie était bien désinfectée. Ayant pris le coup de main, il ne mit pas bien longtemps, et termina par retirer son 9 mm pour le poser à même le sol, près du lit. Ce qui était sûr, c'était bien qu'il ne s'en séparait jamais, tout du moins, jamais par une distance supérieure à un mètre. Il posa enfin les yeux sur Lina après avoir rangé toutes ses petites affaires.

" Au lit. A notre première nuit ensemble. "

Souriant en réponse, Lina espéra qu’ils seraient en mesure d’avoir les heures de sommeil si nécessaire pour récupérer. Elle ne cherchait même pas à faire une grasse matinée, comme on disait, car dormir plus d’heures que le nécessaire vitale était quasi impossible. D’ailleurs, elle qui aimait tant faire de longues nuits à n’en plus finir, regrettait vraiment ce moment. L’entendant dire qu’elle avait raison, elle haussa les épaules dans un petit geste taquin, souriant avec amusement.

Elle l’observa soigner sa blessure, en profitant pour jetter un coup d’œil sur sa plaie, même si elle ne dit rien. Au moins, elle s’assurait qu’elle n’était pas infectée, ce qui était déjà une bonne chose, vu le refus de soin dont il faisait preuve. Grimaçant lorsque Nickolas posa son arme près du lit, elle ne fit cependant aucun commentraire, sachant que c’était nécessaire.

Dans ce genre d’endroit, il valait mieux être prêt à se lever rapidement en cas d’urgence, et s’attendre à tout. C’était évidement prévoir le pire des cas, mais c’était devenu une habitude dans l’esprit de beaucoup de gens. Toujours s’attendre à ce qu’une catastrophe arrive la seconde suivante, pour être sûr d’être prêt. C’est pour ça que Lina se contenta d’enlever uniquement ses chaussures, avant de s’allonger sur le dos sur un côté du lit, attendant qu’il la rejoigne, ne voulant pas prendre le risque de perdre du temps à s’habiller si jamais il se passait quoi que ce soit. Elle n’était pas sûre de trouver le sommeil, et si elle le trouvait, elle n’était pas sûre que ce soit une bonne chose.

Invité

Comme chaque nuit, Nickolas s'apprêtait à ne dormir que d'un seul oeil, si tant est qu'il arrive d'ailleurs, ne serait-ce, qu'à dormir, ce qui était loin d'être gagner, autant pour l'agitation permanente dans le couloir, que pour le lieu en lui-même, ou ses propres tourments moraux. Il y avait au moins une centaine de raisons qui pouvaient bien faire que la nuit ne s'annonçait si pire ni mieux qu'à l'accoutumée, et qu'en conséquence, il demeurerait vigilant, quitte à léser un peu plus un peu moins son sommeil déjà fort fragile. L'endroit ne se prêtait guère à une insouscience non dissimulée, et déjà que le jeune Nickolas n'était pas quelqu'un à laisser le hasard prendre plus que ce qu'il n'avait déjà, ne comptait surtout pas le faire aujourd'hui, cette nuit, ici et maintenant, certainement pas après être enfin proche de la femme qu'il aimait.

Il émit un léger soupir de contentement, et un semi sourire satisfait vint s'étendre lentement sur ses lèvres, alors qu'il gardait les yeux posés sur Lina. Il ne comptait plus les jours où il avait attendu patiemment - et peut être même sottemen - cet instant, ce moment si crucial où il serait enfin lié à elle. Trop de doutes avaient embrumé son esprits, trop de craintes, pour enfin laisser son amour se consumer dans l'attente. Tout du moins, presque. Il n'en avait pas receuilli la dégradation mais bien la consolidation, pour son plus grand plaisir, et sa témérité, pâliant enfin sa lâcheté. Ce jour était à graver dans toute les mémoires, tout du moins, son esprit un peu rêveur par les temps qui courrent le lui soufflaient dans une pointe d'amusement voir d'ironie..

Sortant un moment du fil indistinct de ses pensées, il revint encore une fois à la présente, et aussi dure, réalité. Tout du moins, elle lui apparut plutôt douce en la personne de Lina, ce qui éveilla encore son sourire pour son plus grand plaisir. Un tantinet lunatique au fond, Nickolas, bien heureusement, cela n'allait pas en répétition. Il posa rapidement un regard sur son 9 mm, bien évidemment encore et toujours au sol, puis il vint s'allonger au côté de la jeune femme. Il se mit un moment à fixer le plafond qui lui apparut pour le moins morne et désolant, cependant, Nickolas avait des idées bien moins sombres, et plus plaisantes en tête. Une nouvelle fois, un léger soupir lui échappa, tout autant satisfait.

» Guilty or not? ||Libre||
» Envie de rien...Besoin de toi...[P.V]
» Bon, ce maintenant ou jamais. Alors ce sera maintenant! |PV|